Y'à tOujOurs une première fois ... {*PV

Sonnerie tonitruante qui déboussola légèrement notre petit homme âgé d'à peine 21 ans et qui ne tenait pas plus que tant à sortir de ce lit qu'il avait fait sien durant ces quelques jours passés dans ce motel pourri et insalubre en bordure de route à la sortie de Madrid, mais qu'importe, il avait fait tout ce chemin depuis la Californie en ne pensant qu'à une seule chose, plutôt une seule personne, et c'était cette même personne qu'il espérait revoir aujourd'hui, pourtant, avant de se lancer dans la recherche d'un autre californien qui répondait au doux nom d'Enzo Parker, Tyler savait qu'il n'éviterai pas l'effroyable quart d'heure durant lequel il devrait s'entretenir avec la directrice de l'école dans laquelle il souhaitait commencer ses nouvelles études dédiées à l'art, principalement. Voila tout ce qui l'avait mené ici, à Madrid. Deux jours qu'il avait attéri, deux jours durant lesquels il avait dormi, regretté, mangé et dormi encore. Le choix qu'il avait suivit en décidant de quitter famille et maison pour rejoindre un homme qui ne voulait sûrement plus de lui s'était avéré être le choix le plus cornélien qu'il n'aurait pu l'imaginer. Sa famille lui manquait, même si jamais il ne se l'avourait, quant à sa maison, autant dire qu'il avait finalement fait le deuil. Passé d'un palace à 60 chambres à une vulgaire chambre de motel aura été le décrochage le plus rapide qu'il eu pu faire, mais qu'importait après tout puisqu'il ne courait pas après l'argent, mais après une chose que ni le temps, ni cet argent superficiel pouvait lui procurer, l'amour ! Oui, depuis plusieurs mois, depuis cette lettre, il était conscient qu'il devrait faire face à ce passé, mettre les choses au clair avec l'intéressé et faire en sorte de rattraper ce foutu temps perdu, enfin, d'essayer plus ou moins de revenir à l'état relationnel qu'ils partageaient avant. Mais Tyler était trop réfléchi pour pouvoir tout quitter sans rien en poche, sans diplome, et sans possibilité d'avenir. Il avait donc attendu la fin de son lycée, la fin de ses études pré-formatrices en chant et en danse avant de se lancer à la recherche d'Enzo, l'homme qu'il aimait indéfiniment.

Tout ceci le ramenait à ce jour présent, cet instant même ou il quitta le motel pour prendre un taxi. Il ne savait alors pas que l'homme après lequel il courait travaillait dans l'école où il comptait étudier, il ne se doutait pas une seule seconde qu'une simple porte allait lui ouvrire le chemin qu'il avait voulu emprunter mais pour lequel il ne se sentait pas tout à fait prêt. Réconciliation, rupture, il pensait qu'en tous les cas, vivre de son rêve serait une chose util pour passer par dessus la douleur d'une rupture et pour conditionner la joie d'une réconciliation. Mais il estimait avant tout que suivre ses rêves c'était vivre pour lui, pour ce qu'il aimait faire et non pour ce qu'on aurait aimé le voir faire. Cependant, il n'avait pas calculé la douleur quotidienne qu'il pouvait éprouver s'il devait supporter l'absence de son homme physiquement et le voir tous les jours dans le même établissement que lui. M'enfin, il grimpa dans le taxi, prêt à son entretien, du moins, il l'espérait. C'était en 15 minutes que tout allait se jouer, tout son avenir et surtout, le fait qu'il puisse vivre à Madrid, car ses parents n'avaient pas cautionner son départ et ne comptaient pas l'aider financièrement. Ses maigres économies l'aideraient à passer le cap du premier semestre, d'ici là, il aurait trouvé un job. Il quitta sa place agréable dans le taxi jaune pour marcher sur le bitume durant quelques minutes, avant de tourner et de pouvoir enfin admirer l'école de Carmen Arranz. Souriant, il avança quelque peu, arrivant proche des grandes portes que lui offraient le hall. Il n'imaginait pas que derrière ces portes se trouvaient celui qu'il recherchait et qu'il comptait rechercher désespéremment par Madrid si tot son inscription bouclée. Il poussa donc la porte, avança dans le hall en souriant, étonné de la majestuosité de l'endroit lorsque son regard se posa sur un homme, non loin de lui, de dos, occupé à nettoyer quelques vitres. Plissant les sourcils, cette silhouette lui semblait familière, s'en approchant doucement, il s'arrêta net lorsqu'il reconnu ces courbes qu'il avait si souvent pu toucher et goûter. Ses mains lachèrent les deux sac qu'il portait, s'écrasant sur le sol dans un bruit sourd, le visage éberlué, la bouche ouverte, il fixa le jeune homme qui se retourna dans un sursaut. Et dans un mince bégayement, Tyler parvint à peine à prononcer son nom...

"E... Enzo !"

Vous savez ce que c'est vous que de retrouver un être en qui on avait éperdumment confiance et qui nous avait "trahi" de manière si forte qu'on croyait ne plus jamais avoir suffisamment de puissance dans ses jambes pour se relever ? Tyler avait titubé, vacillé, s'était même écroulé sur le sol le jour où Enzo l'avait quitté pour Madrid, même si à l'époque, il n'en savait rien. Ni sur ses motivations, ni même sur le lieu où il se rendait, et ce n'était qu'en cherchant, qu'en soudoyant une personne de la famille Parker qu'il parvint finalement à trouver le pays dans lequel son homme s'était enfui. Les raisons de son départ étaient toujours restées un mystère pour Tyler, encore aujourd'hui, et même s'il avait voulu les savoir, il n'avait plus eu de contact avec Enzo depuis plusieurs mois. Il n'avait plus pris la peine de les compter lorsqu'il comprit enfin que son jules ne reviendrai pas, lorsqu'il avait enfin décroché sur son mur leurs nombreuses photos et lorsqu'il avait enfin décidé de tourner cette page. Cherchant à l'oublier, il s'était plongé dans les vices de la vie Californienne, pas suffisamment longtemps pour être inconscient le jour où une lettre à son nom lui parvint. Anxieux, quand il avait lu celle-ci, c'était en larme qu'il avait terminé. Assis sur son sofa, il avait relu les mots d'Enzo comme s'il le retrouvait après tout ce temps, comme si le jeune homme avait à nouveau posé sa main sur Tyler en lui souriant, comme autrefois, lui affirmant que tout irait pour le mieux désormais. Pourtant, malgré son entêtement à vouloir croire qu'Enzo puisse encore l'aimer, il avait bel et bien compris le message entre les lignes, cette rupture qui pendait au bout de son nez. Et lorsqu'il comprit que c'était à Madrid qu'il se trouvait et que c'était à Madrid que se trouvait aussi les réponses à ses questions, Tyler n'avait pas vraiment hésité longtemps, son choix était fait. Et pour Enzo, il avait pris l'avion presqu'aussi vite en direction de l'Espagne. Malheureusement, lui qui, la veille, se croyait encore amoureux du jeune garçon s'apperçu tout à coup d'une chose étonnante.

Le visage figé par la peine et l'angoisse, le regard vide plongé dans celui d'Enzo, qui tenait dans ses mains un chiffon, Tyler resta immobile. Le choc fut violent, son coeur batta à tout rompre et son sang ne fit qu'un tour, il n'avait pas imaginé une seule seconde le retrouver là et pensait avoir encore quelque jour pour se préparer à cette rencontre. Malgré tout, il fut heureux, heureux de le revoir. Mais cette sensation de nuage cotonneux et de plénitude ne lui revinrent pas à l'esprit. Il fut étonné de voir qu'Enzo face à lui ne lui provoquait plus un grand effet, du moins, pour l'instant. Il ne fut pas traverser par cette envie irrésistible de lui sauter dans les bras, de l'embrasser, ni même de lui dire qu'il l'aimait encore. Il n'avait sur son visage que l'expression de la frayeur, cette même expression qu'il avait eu le jour ou il avait découvert que son homme l'avait quitté pour l'Espagne. Les bras ballant, il fixait Enzo, sa voix raisonna dans ses oreilles, comme autrefois, douce, harmonieuse, virile et sensuelle. Un frisson le long de la colonne vertebrale de Tyler fit remonté à la surface des tonnes et des tonnes de souvenirs, tous devenus douloureux et acèrbes avec le temps. Fermant les paupières un quart de seconde, il secoua son visage pour s'effacer ses pensées, se concentrant sur son présent qui ne semblait guère l'enchanter. Le choc avait été brutal et même s'il surprit à ne plus "aimer" Enzo, il savait qu'avec le temps, qu'après ce coup violent qu'il venait de prendre, les sentiments qui l'avaient amené à traverser 6 états ne feraient que s'amplifier, venant jusqu'à le détruire, mais qu'importe. Il avait choisi de prendre le risque de le perdre une nouvelle fois ! Détournant alors les yeux, il fixa ses sacs, puis glissa ses mains dans ses poches, intimidé par la situation qui laissait planer sur leur tete une atmosphère lourde et pesante !

"Je... Enfin, je suis inscris ici !"

Il s'efforça de sourire, se noyant alors à nouveau dans les yeux de son jules, comme auparavant. S'y redécouvrant comme le jour de leur première rencontre, lorsqu'ils s'étaient efforcés de se sourire en vain, jusqu'à retenir l'affection qu'ils avaient eu l'un pour l'autre presqu'aussitôt. Un souvenir immuable, douloureux, mais immuable !

En deux mois d'absence, Tyler avait rêvé tous les soirs que son homme lui murmure ses mots. Qu'il lui avoue qu'il lui avait manqué, qu'il lui dise qu'il l'aimait encore, une déclaration dans le même genre que lui fit Enzo à la différence prêt qu'il voyait cette scène plus romantique, il l'aurait invité à boire un verre, le lui aurait avoué dans une ambiance feutrée et amoureuse, une ambiance de couple comme il avait toujours si bien su le faire. Enzo avait toujours été le romantique dans leur couple, celui qui prenait les initiatives et qui cherchait avant tout à combler de bonheur son petit homme. Tyler avait eu le rôle de la "femme" dans leur histoire, et même si ça peut paraître dégradant, pour le jeune garçon, c'était important de voir les rôles bien définis de la sorte. Il savait qu'il était le garçon sensible, celui qui avait besoin de se faire cajoler et celui qu'il fallait qu'on remarque, qu'on s'occcupe, qu'on caline. C'était Tyler, et Enzo s'en était accomodé, d'ailleurs, il avait, à l'époque, adorer cette facette là de Tyler qu'il ne dévoilait à personne, sinon à son amoureux. Oui mais voila, deux mois avaient passé et cette envie de ressentir ses paroles ancrées au fond de sa pensée se firent de moins en moins utiles, moins en moins nécessaires à sa survie, il s'accomoda de tout, et de rien en même temps. C'est vrai qu'il avait tenté de tourné la page, c'est vrai qu'il avait rencontré d'autres hommes, mais Enzo en avait sûrement fait autant. Pourtant, aujourd'hui, c'était seul qu'il était revenu auprès de l'homme qu'il avait toujours cru aimé, c'était seul qu'il se retrouvait face à lui dans cette école et c'était une nouvelle fois seul qu'il affrontait de face sa plus grande phobie. Perdre Enzo lui aurait été insupportable, d'autant plus qu'à présent, il savait qu'il ne pouvait que le récupérer, un simple mot de sa part dans le sens où il lui avouerait que lui non plus n'avait pas su l'oublier, et c'était leur histoire qui recommençait. Oui, mais voila, Tyler le voulait-il vraiment ?

Traverser autant d'Etat pour retrouver un homme était une preuve d'amour suffisamment large pour lui faire comprendre que c'était ce qu'il souhaitait. En son fore intérieur, il ne demandait plus que ça, lui sauter dans les bras et le couvrir de baiser, mais il ne pouvait pas, il ne le voulait pas. Il devait se retenir, se protéger. Il savait aussi que dans le monde gay, l'homme soumis avait tout de suite trop tendance à se faire marcher dessus, à se faire "utiliser". Et s'il ne voulait pas qu'Enzo lui mente et qu'il ne voulait pas que ce dernier quitte à nouveau le pays sans donner de nouvelle, Tyler allait devoir faire l'effort de se laisser "désirer". Il devait apprendre à mettre cette distance afin de voir si les sentiments du jeune homme qu'il avait aujourd'hui en face de lui était bien réelle, bien fondé et surtout sincère. Il avait besoin d'un certain temps pour se remettre de cette rupture rapide qui n'en était déjà plus une. Même s'il ne le dirait pas, tout ça l'avait profondémment touché, même atteint. Et figé sur le sol du hall, les mains dans ses poches et le visage cherchant un point d'ancrage dans le paysage pour ses yeux, il senti les larmes lui venir aux yeux. Un tein qui pali, un regard humide, et des lèvres tremblantes, il posa ses yeux dans ceux d'Enzo, repri son calme et tâcha d'articuler son fondre en larme !

"Enzo... Comment peux-tu imaginer une seule seconde que j'ai réussi à t'oublier. Tu penses que j'ai choisi l'Espagne par hasard ?"

Il ne s'approcha pas d'avantage de son ancien petit-ami. Ne cherchant pas le contact, pas tout de suite !

Oui, Ty' était bel et bien arrivé à Madrid dans le seul espoir de voir Enzo, c'était une chose dont il pouvait être certain. Il aurait très bien pu choisir l'école de danse de Londre ou encore celle de New York plutôt qu'ici, déjà, il aurait été plus près de chez lui et donc, de sa famille, mais sa véritable décision était celle qu'avait pris son coeur lorsqu'il avait enfin découvert l'endroit où s'était enfuit celui qu'il considérait toujours comme l'homme de sa vie. Ni une ni deux, il était arrivé en Espagne, avait foulé le sol chaud et sec de Madrid et s'était installé dans ce vieux motel, depuis, tout avait été tellement vite. Les deux jours où il avait dormi dans sa petite chambre insalubre, enfin dormis, ou il avait passé son temps à repenser à tout ce qu'il avait pu vivre avec Enzo, doutant alors de l'amour que le jeune homme pouvait encore porter à Tyler. Après tout, si lui s'était enfui, il y avait bien une raison non ? Ty' n'avait jamais osé affirmer qu'il était le copain idéal, sûrement avait-il trouvé meilleur garçon et plus sympathique, moins compliqué. Et si Enzo était aussi parti par amour, après tout, c'étaient des questions qui pouvaient se poser. Durant deux jours, l'angoisse folle de leur retrouvaille, cette appréhension. Si Tyler s'était fait "rejeter" par Enzo, il ne s'en serait sûrement jamais remis, même s'il était venu ici pour mettre une bonne fois pour toute les points sur les "i" ! Courir après l'amour ne lui avait jamais ressemblé, jamais il n'avait été comme ça. Tyler était jusqu'a présent un garçon trop réservé et trop timide pour oser s'approprier des rêves qui n'existaient pas ! Le véritable amour ? Il n'y avait jamais cru. Pourtant, aujourd'hui, il était forcé de l'admettre, c'était cet amour qu'on appelait "Grand Amour" qui l'avait fait prendre l'avion en direction de Madrid. Enzo avait tout changé en Ty', de sa façon de se comporter à sa façon de penser et de voir les choses, tout semblait différent avec lui !

Eh puis, il était parti, durant deux mois, notre jeune danseur et chanteur était au fond du bac, véritablement enfoncé 6 pieds sous terre, il n'avait cru ne jamais pouvoir ressortir la tête de l'eau. Sur le point de se noyer, il avait reçu un courrier affranchi à Madrid, de la part de l'homme qui l'avait fait renaître quelques années auparavant mais aussi de la part du même homme qui l'avait tué en le quittant pour l'Espagne. Aujourd'hui, ces deux mêmes hommes se retrouvaient face à lui. Il y avait Enzo le tendre, celui qu'il aimait, et Enzo le cruel, qui l'avait quitté sans ménagement. Ainsi, lorsque ce dernier s'approcha de Ty et glissa ses pouces sur son visage, notre jeune garçon eu un mouvement de recul, s'essuya les yeux et baissa les yeux. Plus éloigné d'Enzo qu'il l'était avant, il avait relevé les yeux quant à sa remarque. Souriant à moitié, s'efforçant de faire meilleur figure, il passa une main dans ses cheveux, soupirant. Il avait haussé les épaules en navigant du regard dans le hall, une seconde sur un point, celle qui suivait sur un autre. Gêné, intimidé et mal à l'aise, il plongea ensuite ses yeux dans ceux d'Enzo, prêt à lui répondre après avoir reprit quelque peu son calme !

"Arrête Enzo... Tu ne peux pas me quitter comme ça, sans me prévenir, sans plus donner de nouvelles durant plusieurs mois et espérer me revoir maintenant et retrouver la place que tu occupais avant.. C'est..."

Il baissa les yeux, reprit son souffle et essuya la larme qui roulait sur sa joue.

"C'est de la torture. Je t'aime encore Enzo, tu l'sais très bien, je suis pas venu ici parce que j'en avais envie, mais parce que j'avais besoin de toi. Quand j'ai reçu ton courrier, je m'suis empressé de venir à Madrid, espérant avoir droit à une explication convenable... Je ne m'attendais pas à te voir ici, je comptais m'installer avant de commencer mes recherches pour te trouver. Je m'étais préparer un discours, tout un monologue que je t'aurais tenu... Mais tu m'prends au dépourvu..."

Il rit doucement, étouffé par ses larmes qui se faisaient de plus en plus nombreuses..

"D'ailleurs regarde... Sans papier, sans rien, je dis n'importe quoi =) !"

Tyler n'avait pas imaginé leur retrouvaille comme ça. Lui il avait tout prévu, du moins, il l'avait confiné dans sa tête. Dans son sac, il y avait un paquet de feuilles sur lesquelles il avait griffoné tout ce qu'il avait dans la tête et tout ce qu'il aimerait dire à son homme une fois qu'il l'aurait devant lui. Il avait passé ces deux journées ici à écrire toutes les questions qu'il avait, tout ce qu'il voulait savoir et surtout, tout ce qu'il voulait lui dire. Il avait pensé s'inscrire ici, puis entamé des recherches pour trouver Enzo Parker, il ne devait pas y en avoir des masses à Madrid, et une fois qu'il aurait trouvé le lieu où le jeune homme habitait, il lui aurait rendu une visite, il lui aurait sourit et là, il lui aurait clairement dit tout ce qu'il y avait de noté sur ses papiers. Malheureusement, avec sa chance légendaire, il n'avait pas eu le temps de tout préparer, une fois encore, puisqu'Enzo était concierge à l'école même où Tyler venait se présenter. Et il faut avouer que même si en écrivant il avait retenu le principale des questions qu'il se posait, une fois face à celui qu'il recherchait tant, il avait eu du mal à trouver ses mots. Bégayements, mal à l'aise et en manque d'assurance totale, il avait même réussi à repousser l'homme qu'il aimait par dessus-tout. Chose qu'il n'avait pas calculée et qui apparemment avait blessé Enzo. Ne se controlant plus, il avait même laissé s'échapper de ses yeux quelques larmes qui coulaient encore sur ses joues, mais il allait se reprendre, il n'était pas question de se perdre une nouvelle fois. Tyler avait trop souffert de leur "rupture" et de leur "séparation", au fond du bac, il avait peiné à avancer et si aujourd'hui il laissait à nouveau s'envoler la seule chance de récupérer Enzo, il ne se le pardonnerait jamais...

Il avait levé les yeux vers le jeune concierge, empli de peine et de douleurs. Il avait cherché à sourire, comme avant, parce que finalement, il était super heureux de retrouver Enzo. Il ne s'agissait plus que d'un problème de confiance qui allait sûrement ruiné leur relation. Même si Ty' savait qu'elle n'en périrait pas, il ne pouvait oublier le fait qu'Enzo était parti, ne lui avait rien dit et ne lui avait même pas proposé de venir avec lui. Quand il lui expliqua qu'il était venu pour retrouver son frère dont il ne savait rien, une lueur de pardon s'alluma au fond des yeux de Ty', même si ce n'était pas énorme, il sentait qu'il pourrait lui pardonner sa fuite, avec du temps. Et quand Enzo lui demanda alors de définir leur relation, Ty' détourna les yeux, de plus en plus mal à l'aise. Il ne voulait ni blesser Enzo, ni se blesser lui même. Affirmer être en couple aurait été avancé pour l'instant, mais dire d'eux qu'ils n'étaient plus que des ex, c'était invraissemblable. Pas possible, inconcevable, invivable... Ty' ne s'en remettrait pas, il ne pouvait pas admettre de perdre encore une fois celui qu'il avait recherché pendant plus de 2 mois !!! Il ne le fixa pas dans les yeux tout de suite, cherchant à reprendre son calme, à ralentir les battements de son coeur et à retrouver une respiration normale... Puis, il leva les yeux vers lui, vers l'homme de sa vie en souriant tendrement, essuyant du revers de sa main la dernière larme sur sa joue.

"Tout est si... Différent. Je l'imaginais tellement pas comme ça Enzo !"

Un petit rire qui brisa la tristesse de la scène !

"Regarde toi, regarde nous... Regarde moi ! Dis moi que tu m'aimes Enzo, dis moi que tout ira bien maintenant."

Il reprit son sérieux, en plantant dans les yeux d'Enzo un regard supplicateur et en ajoutant avec une voix brisée par les larmes...

"Dis moi que ce n'était pas moi que tu cherchais à fuir !"

La première qualité d'un homme qui se respecte est le pardon, on doit toujours accordé aux gens une seconde chance, juste un deuxième tour de piste pour qu'ils nous montrent ce dont ils étaient vraiment capables. Ty' avait été élevé dans le respect et la foi, forcément, il savait qu'il devait laisser à son homme cette seconde chance, il le voulait, mais quelque chose le réfrenait, comme si une partie de lui n'avait plus envie de se battre pour sauver ce couple qui était autrefois si soudé. La précipitation de leur retrouvaille n'avait pas arrangé les choses, il aurait préféré pouvoir discuter à tête reposée plutôt que lui, à moitié endormi et fatigué et Enzo, encore entrain de travailler. Même si tout devrait s'arranger un jour, Tyler ne savait pas vraiment comment agir... Séparé entre deux impressions et surtout deux façons de procédés. En lui, tout le poussait à s'avancer vers Enzo, surtout quand ce dernier lui avoua qu'il l'aimait encore. Les larmes, cependant, retenaient ses mouvements, comme si cette deuxième partie de lui, celle qui voulait mettre de la distance entre lui et son couple était plus forte et surtout plus présente. Tyler n'y paraissait pas, mais il se battait au fond de lui pour ramasser les morceaux et les recoller dans le bon sens pour pouvoir et surtout savoir pardonner à Enzo... Les mots lui manquaient, les larmes coulaient sur ses joues et ses mains tremblaient. Il fit un pas en avant, se rapprochant dangereusement d'Enzo, figure de tentation. Il lui souri en coin, essuya une larme du revers de sa main et posa la paume de l'autre sur la joue droite d'Enzo, conservant son sourir angélique, il prononça alors à mi-voix, étouffée par les larmes qui roulaient encore sur sa peau dorée !

"Tu m'as manqué Enzo !"

Il s'approcha ensuite de lui pour l'enlacer doucement, l'embrasser au creux du coup puis au bord de l'oreille avant de déposer son visage endormi sur son épaule. Ses mains se déposèrent sur son dos, le lui carressant doucement. Fermant les yeux, il humait le parfum délicieux de l'homme qu'il avait pourtant tellement aimé. Il savait que la bataille pour lui accorder le pardon serait encore rude et difficile, pas gagnée d'avance non plus. Intérieurement, il était épris d'un dilemme cornellien, mais il était prêt à se battre pour Enzo, prêt à tout pour lui, pour le retrouver. Son esprit nageait dans des eaux troubles, mais son coeur ne battait plus que pour celui d'Enzo, il le savait !